mercredi 23 juin 2010

Histoire d'appartenance

Alors il paraît que je suis bretonne, de par les origines de ma famille, entièrement bretonne d'un côté, en partie bretonne de l'autre. On me l'a dit des dizaines de fois.
Paraît que j'en ai le sale caractère et l'entêtement. C'est sûrement vrai.
Mais qu'est-ce qui fait de toi un Breton bon sang ? Le sang justement ? Ou quand même un ne serait-ce que vague sentiment d'appartenance à la Bretagne, un lien avec elle ?
Je n'ai pas ce sentiment.
Je ne l'ai jamais eu.
Je commence même à tomber dans l'excès inverse. Avant même d'être descendue du train (Quimper, quand tu viens d'Alsace tu t'es donc déjà payé toute la traversée de la région et même celle du pays entier), je me sentais déjà comme une étrangère. Alors que pas du tout en arrivant à Porto, Zurich ou Toronto, où je n'ai jamais souffert du mal du pays. Et je m'attends à apprivoiser Bâle comme j'ai apprivoisé Strasbourg il y a deux ans.
Est-ce simplement dû au milieu dans lequel j'évolue quand je suis là-bas, et qui me fait l'effet d'être un poisson tiré hors de l'eau, tellement j'ai peu d'atomes crochus avec cette partie de la famille ? Un endroit où je n'ai pas d'amis, et tellement isolé que je n'ai aucune liberté de mouvement sans voiture ni même vélo ? Possible. Bismarck parlait de ses pénibles voisins à chiens. Moi j'ai redécouvert y a pas longtemps que j'ai la famille qui évolue comme un poisson dans l'eau dans un milieu dont certains membres sont capables de tirer un trait sur des années d'amitié à cause d'un chien bruyant, capables de te reprocher de pas trouver le temps de les appeler alors qu'eux ne le font pas davantage. Je me demande d'ailleurs s'ils ont mesuré ce que me coûtait de traverser la France dans toute sa largeur à la veille d'un déménagement simplement parce que je n'avais pas eu le temps de venir depuis trois ans. Et surtout celle où faut vraiment pas rester trop longtemps sous peine de devenir fou. Trois jours c'est bien. Alors vu la distance, tu te douteras que c'est pas souvent hein.
Je n'y ai pas passé un mauvais moment pourtant, au contraire. C'était même plutôt sympa de ne pas y voir une goutte de pluie, pour une fois, de se rappeler le goût de poissons et de fruits de mer très frais, de se rappeler à quoi ressemble l'océan, et la baie des Trépassés reste un de mes endroits préférés (pourtant qu'est-ce qu'elle est fichtrement froide et venteuse, mais grande, relativement peu peuplée et quasi sans algues)
Mais ce sentiment d'étrangeté ne me quitte jamais là-bas.
Jusqu'à la ville de D., très active il y a quelques décennies, qui me donne de plus en plus l'impression d'une ville fantôme, du fait de l'émoussement de la pêche en France.
Je n'y ai pas grandi, et la région où j'ai grandi, bien que n'y ayant aucune origine familiale, reste la mienne. Je lui porte un attachement que j'ai essayé d'éprouver pour la Bretagne en vain...
J'ai pourtant toujours aimé la mer, mais pas nécessairement là-bas. Et les algues tueuses de cheval sur les plages, celle qui ont défrayé la chronique l'an dernier, ont vraiment toujours été plus ou moins là, même si ça fait douze à quinze ans qu'elles sont devenues réellement gênantes. Au point de gâcher les souvenirs de plage d'un enfant.
Et voir tous ces gens autour de toi, si fiers d'être bretons, parfois même sans vivre ou avoir vécu en Bretagne, tu passes ton temps à te demander si tu n'es pas une extraterrestre. Et à simplement souhaiter être internationale, sans lien qu'on essaie de t'imposer, un peu comme un homme qu'on te demanderait d'aimer alors qu'il t'est au mieux sympathique, au pire exaspérant.
La Bretagne est bien certainement infiniment plus complexe que je la vois... Mais je ne parviens

2 commentaires:

  1. Tiens c'est marrant, moi je suis bretonne, de corps et de coeur ! pas à cause d'attachements familiaux, je ne supporte pas ma famille paternelle, et ma mère vient de paris, pas vraiment pour sa culture (j'aime les galettes, le lait ribot et le beurre salé, mais pas vraiment le folklore cetique...) mais j'aime vraiment le lieu lui-même, ses paysages si variés, côtes arides et déchiquetées ou rivières secrètes et rochers moussus, le vent salé et le parfum de miel des ajoncs, les piques-niques sur la plage au mois d'avril, quand il n'y a encore ni touristes ni algues vertes, mais qu'il fait aussi beau qu'en été... Mais si tu as grandi ailleurs, c'est sans doute différent... comme on se dit souvent avec mon homme (qui vient de l'est de la france mais se sent breton d'adoption...), la Bretagne est très agréable à vivre à plein temps, mais elle est facilement décevante si on n'y passe que quelques jours, notamment à cause des caprices de la météo !
    En tout cas félicitations pour tes exams, et bonnes vacances ! (mes oraux de capes commencent demain, argh...)

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  2. Je vois ça un peu tard (quelle idée de commenter le jour du Departure, aussi ;) )
    Je viens juste de voir que mon billet est tronqué au bout, au secours, je vais corriger ça.
    Alors quelques jours c'était plutôt des semaines et des semaines lors de mon enfance, mais sans y vivre quand même. D'où sans doute une certaine lassitude, aussi. En fait je suis le contraire de ton chéri, l'Alsace m'a sacrément conquise en deux ans.
    S'il est trop tard pour dire bonne chance, j'espère que tout s'est bien passé pour ton Capes !

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