mardi 19 octobre 2010

Einige Wörter

J'aurais même dû dire viele Wörter, car j'en ai beaucoup à dire :

- Si j'avais encore l'heur de croire que certain journal dont le nom commence par Fig et finit par (h)aro était encore un journal digne de ce nom, me voilà cruellement détrompée.

- J'adore quand quelqu'un de ma connaissance pas français parle des mouvements sociaux actuels, et de la révolte face à la réforme des retraites. Et pas en bien. Ca pourrait être une belle occasion de débattre, mais ça a vite tourné court, et je me suis pas sentie trop écoutée quand je dis que ce qui m'embête c'est moins le report de l'âge légal que tout ce qu'il y a à côté, comme ça, ça, ça ou même ça*...

- Je trouve cet article très modéré par rapport à ce qu'il raconte. Personnellement, sans aucun doute, j'aurais été beaucoup plus virulente. Voyons le passage le plus important : "Les chiffres d'abord: 91,4% des diplômés de master (à bac plus cinq) ont un emploi trente mois après leur diplôme." Et pour Pécresse c'est un bon résultat ? Presque 10% des Bac+5 au chômage deux ans et demi après avoir obtenu leur diplôme ? On n'a pas les mêmes standards. Et elle doit pas savoir la galère que c'est, deux ans et demi de chômage quand t'as pas cotisé avant. Sans compter que l'article - et l'étude aussi, qui se contente de comparer les universités, moi qui attendais plus développé que l'article, quelle déception quand j'ai ouvert la page - reste absolument muette sur les salaires, la proportion d'emplois stables (CDI), ou celle d'étudiants qui trouvent un emploi pour lequel leurs études ont servi à quelque chose (combien des 86% des diplômés en lettres et sciences sociales qui ont trouvé un emploi bossent en caisse chez Leclerc ou Quick ?). Consternant.

- J'ai acheté le dossier du Monde sur le Brésil la semaine dernière. Intéressant, mais comporte notamment (= je ne l'ai pas encore fini) une intéressante contradiction en l'espace de quelques pages. Page 8, les citations de Lula, notamment celle-là "Quand on arrive ici, à Windhoek, on n'a pas l'impression d'être dans un pays africain. Peu de villes au monde sont aussi propres, avec une architecture aussi belle", et page 19 intitulée "Quand Lula commet bourdes et bévues" : "Six ans plus tôt, arrivant en voyage officiel à Windhoek, il s'était dit surpris que "la Namibie ne ressemble pas à un pays africain", ajoutant à propos de sa capitale : "Peu de villes dans le monde sont aussi propres et belles". Je pars du principe que Lula n'a pas décliné cette phrase deux fois, je ne pense pas faire erreur. Sans même prendre en compte la non-fidélité des citations sur les deux pages (ça serait pourtant la moindre des choses), si on fait un peu gaffe à la sémantique, j'ai quand même l'impression que la première laisse un doute sur le fait que la supposée saleté de l'Afrique puisse n'être qu'un préjugé, alors que la seconde ne laisse pas du tout ce doute. Je ne sais pas en quelle langue Lula a prononcé ce discours, en anglais, en portugais ? En tout cas je n'ai pas réussi, encore, à retrouver la citation originale, et vu que je n'ai jamais entendu parler en Europe du buzz que ça aurait - j'insiste sur le conditionnel - provoqué, je ne saurais imaginer quelle est la bonne version. J'ai juste trouvé ça (en portugais), mais ça ne me paraît pas certain vu l'absence de guillemets, je vais donc continuer à chercher.

- Maître Eolas demande de faire passer le mot alors je le fais passer à mon bien plus mince lectorat. Contexte, pour résumer, mais c'est développé dans l'article : la France venant d'être condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme sur la question des gardes à vue, la législation étant non conforme. Bref, la Chancellerie, au lieu de mettre tout ça en conformité, imagine un nouveau régime, une parfaite zone de non-droit joliment nommée "audition libre". En gros, c'est l'interrogatoire comme en garde à vue, sauf que t'es pas enfermé certes, mais aussi qu'on ne te précise pas tes droits, qu'on ne te précise ni de quelle affaire il s'agit ni que "tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous", i.e. tu mènes la conversation complètement à l'aveugle, seul et sans défense.
Conclusion du maître :
"Alors si cette cochonnerie de projet de loi devait passer, retenez d’ores et déjà ce principe, et faites passer le mot : libre audition, piège à con. Si des policiers vous proposent une audition libre, acceptez, puis dites que vous décidez librement de ne faire aucune déclaration et de ne répondre à aucune question, et que vous allez partir librement, après leur avoir librement souhaité une bonne fin de journée. Si les policiers vous menacent alors de vous placer en garde à vue, vous saurez que cette proposition d’audition libre n’avait pour seul objet que de vous priver de vos droits. Vous voilà en mesure de les exercer. Vous les avez bien eus. Pas un mot sans un avocat à vos côtés."
Ma conclusion à moi, c'est qu'au vu des propos plus tôt dans l'article, "Dans un pays respectueux du droit en général, ou professant une faiblesse pour les droits de l’homme, le pouvoir législatif se ferait un devoir de voter promptement une loi nous mettant en conformité avec ces principes. C’est par exemple ce qu’a fait la Turquie, et avant même d’être condamnée par les arrêts Salduz et Dayanan. Dès que les autorités turques ont compris, elles se sont mises en conformité en 2005 (les arrêts sont tombés fin 2008). En France, on fera à la française. C’est à dire qu’on fera voter une loi qui tentera de contourner cette décision. Les droits de l’homme sont chez nous trop précieux pour fréquenter les commissariats sales et vétustes." on n'est pas super bien placés pour donner des leçons à la Turquie en vue d'une intégration dans l'UE...
C'est très résumé, et l'article original est bien plus intéressant, il fait même sourire parfois, ce qui sur ce genre d'exaction est un exploit. Les commentaires aussi sont intéressants, surtout ceux concernant le fait que n'avoir rien à se reprocher ne signifie pas que tout ce qu'on peut dire dans ce genre d'interrogatoire est sans danger (94 à 97, 108, 119 à 121, 131), ainsi que les abus dont témoigne le commentaire 75 notamment.

- Faudrait vraiment que je retrouve un certain bouquin pour vous en parler, mais ça devra attendre genre une grosse semaine...

*La présence d'une entreprise sur le territoire compte visiblement plus que le droit du travail des salariés dudit territoire pour certains politiciens. Tu m'étonnes que certains patrons se croient tout permis après.


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