vendredi 6 mai 2011

Tournants

Billet défouloir et complètement décousu juste après. Accrochez-vous ça va tanguer.

Comme E. l'a deviné il y a déjà un bout de temps, je pars bientôt à Karlsruhe. Juillet précisément. En attendant, rien à faire de particulier.

Sauf que ces vacances que j'ai attendues avec tant d'impatience, ben, elles viennent de prendre un tournant imprévu. Disons que concrètement, je n'ai pu que regarder ma relation amoureuse, vieille de presque trois ans, s'écraser comme un avion de ligne sur une montagne sans rien pouvoir y faire. Le moral, ça va pas super bien ; disons que j'hésite pas mal entre l'appréciation (on va pas dire l'euphorie quand même) d'une liberté à laquelle j'aspirais visiblement quelque part, et la grosse, grosse, grosse déprime.

En attendant, en pratique, je n'ai plus de logement et en trouver un pas cher à Karlsruhe s'annonce super compliqué. Et je n'en ai plus depuis longtemps à Strasbourg non plus... Et mes projets pour les vacances, va falloir les revoir.

Et mon père qui veut que je vienne en Bretagne si je veux me faire consoler.
Ben c'est gentil, c'est vrai, mais...
Rien que l'idée me déprime encore plus.

Parce que je crois honnêtement que mon père est incapable de consoler qui que ce soit. Il sait pas, c'est tout. En tout cas, pas moi. J'ai déjà exposé ici les relations particulières que j'ai avec ma famille paternelle, mais les choses évoluent de mal en pis.

Le problème, c'est que mon père ne va pas accepter le fait que je n'aie pas la moindre envie de "me faire consoler en Bretagne" (j'en ai marre que mes pensées me viennent en anglais, j'ai failli écrire "won't take no for an answer").
Ma mère n'en aurait pas fait tout un pataquès si je n'étais pas venue et étais restée silencieuse pendant un certain temps. Ce qui n'arrive jamais d'ailleurs, parce qu'on est relativement proches, qu'on arrive à discuter facilement. Avec mon père, non. On ne vit tellement pas sur la même planète... (D'où les doutes sur la consolation, comment on peut consoler quelqu'un sans le comprendre...)

Je pourrais citer des tonnes d'exemples, comme ça. Mais quand ma mère m'a parlé d'un truc sorti d'un de ses multiples bouquins de psychologie - faut que je précise à ce stade que ma famille maternelle est relativement branchée psycho, notamment ma cousine qui l'étudie, alors que pour moi la psycho c'est un trou noir, et je n'y connais rien de rien de rien. Bref, elle me sort de ses bouquins de psycho le concept des "relations à somme zéro". Je ne suis pas douée pour expliquer la psychologie alors je n'essaierai même pas, mais disons que pour moi, cela se manifeste par une angoisse constante de la "réciprocité" que mon père semble attendre en permanence pour son affection et les cadeaux qu'il fait. Visites exigées dès que j'ai le malheur de passer à moins de 300 km (j'approche plus la Bretagne par accident, juré), coups de fil attendus régulièrement sous peine de bouder ou provoquer une querelle familiale, et ce même si je suis super loin, super occupée ou rien à raconter (qui l'intéressera s'entend, ce qui limite grandement les possibilités). Ça se manifeste innocemment, par exemple par les remarques "oh, tu te souviens quand je t'avais offert ça ?" qui, quand elles deviennent aussi récurrentes, ne sont plus innocentes.

Du coup j'ai notamment du mal avec le fait qu'il me donne un peu d'argent tous les mois depuis cinq ans que je suis dans mes études (alors que bon, ma mère quand j'étais mineure s'est débrouillée toute seule), et qu'il ait voulu me reconnaître à ma majorité (jamais fait, et je m'y refuse - n'y voyez aucune influence maternelle). Toujours l'impression qu'il va exiger la reconnaissance en échange, alors que, de fait, vu que je suis boursière je n'ai pas vraiment besoin de cet argent. Argent complété tous les ans à mon anniversaire et à Noël : ça aide mes économies c'est sûr (aujourd'hui assez ébouriffantes pour une étudiante), mais j'ai aussi l'impression assez gênante derrière que lui il ne se casse pas la tête pour me chercher une idée de cadeau tellement il me connaît mal ! (oui je sais, y a des parents qui délaissent complètement leurs enfants, blabla. Je sais. Et sachez bien vous que ça n'enlève rien à mon malaise permanent)

Ca ne veut pas dire qu'il ne m'aime pas, je ne doute pas qu'il m'aime vraiment.
Mais les relations à somme zéro, d'après le psy, et d'après la logique élémentaires, sont destinées à foncer direct dans le mur.
Je pense que tout ça, il n'en a même pas conscience.
Mais moi...

Avant-hier je l'ai eu au téléphone. Ca fait moins de deux semaines que j'ai pris la massue dans la gueule, j'arrive pas à faire semblant d'être motivée et de faire des projets pour venir, et là la consolation sort : "secoue-toi un peu, ça va bien hein, et je trouverais super super décevant de ta part que tu viennes pas" d'un ton pour le moins réprobateur.
Ben tiens.
Des consolations comme ça, je m'en passe très bien.
Et moins que jamais j'ai envie de réserver mon billet pour Quimper maintenant.

La prochaine étape, c'est la suivante : lui parler au téléphone, certes. De choses qu'il ne comprend pas et qui montreront à quel point il est en décalage avec moi. Et lui parler de feu mon grand-père maternel, son modèle, et la relation simple que lui avait avec ses filles et petites-filles.
Ca peut être intéressant comme expérience.

3 commentaires:

  1. Oups, désolée pour ta relation de couple... j'imagine que la distance, ça n'a pas aidé à clarifier et apaiser les choses avant qu'il ne soit trop tard...
    Et effectivement, ton père ne me parait pas vraiment l'homme de la situation pour t'aider à remonter la pente... Enfin si par hasard tu décidais quand même de passer en Bretagne, fais un petit crochet par Saint Brieuc, tu seras bien accueillie !
    (et sinon, j'ai vécu la guerre ouverte avec mon père pendant des années, jusqu'à ce que quitte la maison et que mon petit frère se mette à déconner... Depuis il est charmant, et semble penser que nous avons toujours eu une très bonne relation... Une bienheureuse faculté à réécrire le passé que bien entendu je ne possède pas !)

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  2. Quimper? Il n'y a pas que ton père, dans le coin...
    Sincèrement désolée pour ces mauvaises nouvelles. Parfois, je me dis que le célibat a du bon; mais l'herbe est toujours plus verte chez le voisin. et ça ne te console pas beaucoup.

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  3. J'avais laissé un commentaire jeudi (ainsi qu'une note) mais Blogger a fait l'imbécile et tout mangé.

    Pour l'épilogue :
    Ca y est. Ma mère (fine psycho donc) a remarqué comme j'étais déprimée après ses coups de fil, a décroché alors qu'il appelait, a craché beaucoup de vérités d'un coup. Ca a été dur.
    Et il a atteint son but ; je me sens super mal, parce que j'ai encore l'impression d'avoir exagéré.
    Du coup je l'ai rappelé, et c'est encore pire. Il boude toujours. Sa fille unique l'a déçu. Sa fille unique en a plein le dos.
    Surtout que j'ai vu aussi une vieille copine de ma mère se disputer avec sa fille parce que le père de ladite fille est un manipulateur de première. Heureusement ça s'est arrangé.
    Qu'est-ce qu'elles sont pas allées dégoter comme mecs, bon sang. Que les dieux me l'épargnent...

    (C'est bien un blog quand ça sert de thérapie)

    Camichka :
    Merci beaucoup... Mon père a cette même faculté, comme beaucoup de Bretons et personne d'autre que je connais, ça doit être endémique.
    Sinon, pour mon copain, ça m'apprendra à ne pas faire assez souvent le voyage pour aller le voir... Mais si loin, si pénible, si court et si bouffeur d'énergie avec un boulot assez fatigant, si cher aussi avec si peu d'argent, on était tous les deux partisans des économies. Aujourd'hui je me demande...
    Mais je commence à m'y faire.
    Merci de ton offre, c'est gentil. On verra bien (aïe aïe St-Brieuc, la ville d'origine de mon tout nouvel ex).

    Bismarck :
    Vi j'ai vu que tu étais dans le 29, je connais bien le coin depuis des années. Bon c'est pas Quimper, plutôt DZ.
    Quant à me consoler, d'un côté j'ai l'impression de respirer, mais là je vois surtout ce que je n'ai plus plus que ce que je peux avoir. Mais ça ira mieux je pense.
    J'avoue que je te trouve super courageuse d'avoir trois enfants, je sais pas si je pourrais.

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