samedi 18 juin 2011

Analyse de documents scientifiques

ADS pour les intimes.

En prépa scientifique, c'est (c'était en 2008, je suppose que c'est toujours) une épreuve orale de concours, couplée à et passée en même temps que cette bizarrerie académique qu'on appelle le TIPE*. Contrairement à ce dernier, c'était clair.

En très gros parce que j'ai oublié les détails : présenter en 10-15 mn une synthèse d'une série de documents étudiés pendant 2h45 (je crois) à l'aide de transparents (oui oui, des transparents, déprimant de ringarditude);

En première année (sup, comme on dit), on nous a donné des conseils pour passer cette ADS. Faites ça ça ça c'est ce que le jury attend. On a tous eu à en préparer une en conditions réelles, et deux ou trois personnes sont passées au tableau. Entraînement minimal. Honnêtement, aujourd'hui, j'ai totalement oublié les consignes de cette épreuve.

En deuxième année (spé), l'année des concours, on change. Quatre créneaux par semaine, on s'inscrit tous pour passer au moins une fois sur un an.

Première séance. Les 4 premiers passent, je revois avec eux les points de mes fiches de méthodo scrupuleusement suivie. Verdict du jury (nos profs de deuxième année**) :

- Vous êtes complètement à côté de la plaque. Si vous faites ça au concours vous allez vraiment vous faire descendre.***

...
OK.

C'est une de mes petites fiertés de cette période pas facile qu'est la prépa, je l'avoue, d'être celle qui a osé l'ouvrir pour dire franchement au prof de physique qui terrorisait tout le monde que les 4 qui sont passés ont vraiment suivi les conseils des profs de première année et que c'était vraiment pas leur faute s'ils étaient à côté de la plaque. Brouhaha approbateur derrière.

Le plus inquiétant, c'est que j'étais visiblement la première à le dire depuis quelques années.

J'espère que ça aura au moins servi aux profs à se mettre d'accord, et surtout je me souviens que pour le concours ça m'avait franchement inquiétée, ces épreuves mal conçues où la réussite dépend moins de tes capacités que de la conception de l'épreuve par ton jury.

Au final j'ai eu tout juste la moyenne avec le TIPE.

Et récemment j'ai lu cet article du Monde sur les concours qui m'a bien fait marrer...

Déjà l'article, pour commencer, qui titre "Concours des grandes écoles", en général donc, mais qui ne parle que des épreuves, des résultats, etc. d'écoles de commerce. J'ai pas reconnu grand-chose pour les écoles d'ingénieur. Pas terrible comme début.
En école d'ingé y a pas d'épreuve de culture générale, déjà, mais une épreuve de français/philo portant sur le programme de l'année. Bon là, moins discriminant tu meurs, tout le monde a suivi les mêmes cours. Encore que... ? Tous les profs, vu que c'est pas super encadré, font parfois un peu ce qu'ils veulent... Je suis certaine d'avoir ainsi beaucoup moins étudié le bouquin de Kant que la plupart de mes concurrents parce que mon ancien prof était moins organisé que mon chat, c'est dire.

Parlons un peu langues vivantes :
Sur ce point, Valérie Pécresse estimait dans un entretien à L’Express qu’il n’était « pas besoin de traduire Shakespeare dans le français de Baudelaire pour évaluer les capacités d'un élève à évoluer dans un pays étranger... »
Je me rappelle plus si j'ai eu une version à faire, mais ah oui on ne parle que des écoles de commerce sous le titre général de grandes écoles, j'avais oublié, donc ça n'a pas d'importance.
Et elle insistait même pour revoir les coefficients en langue en estimant que « dans les écoles de commerce surtout, les langues sont dotées d'un trop fort coefficient et font chuter des postulants »
Allô la lune ? On parle d'un concours là, destiné à sélectionner les "meilleurs profils" (sic). J'aurais cru que pour ce milieu du commerce, parler un anglais correct c'était limite un prérequis... Si l'épreuve est mal conçue, admettons qu'on puisse la réformer, mais la diminuer sous le seul prétexte qu'elle ralentit des gens ?
Puis les élèves (pas forcément riches) qui ont travaillé plusieurs langues en partie parce qu'ils ressentaient que ça pouvait leur être utile ? Faites pas, ça vous aidera pas.
Regrettable de voir encore un ministre balayer à ce point l'utilité de parler une langue étrangère.

Mais ce qui me fait mentionner cet article ici, c'est quand on parle de mettre les TIPE au programme des prépas commerce où ils ne sont pas encore :
« Les filières scientifiques ont montré tout l’intérêt de cette épreuve et son caractère socialement non discriminant », écrivent à ce propos les auteurs.
Heu... Sans déconner ?
La première petite étoile (écrite avant d'avoir lu cet article, juré) annonce déjà bien la couleur de mon opinion là-dessus...
Tu peux faire un truc béton sur les TIPE si t'as un parent chercheur, travaillant dans le milieu scientifique, pour te donner des idées, t'aiguiller (mieux que les profs qui n'y connaissent pas toujours grand-chose sur les sujets pointus), te fournir du matos. Si t'en as pas c'est franchement plus compliqué !
Sans compter l'exemple de l'ADS que j'ai développé tout à l'heure... Et les TIPE c'est pareil : tout le monde n'attend pas une prestation standard, c'est-à-dire que ta note peut énormément dépendre de ton jury bien plus que de la quantité et la qualité du travail fourni... Mon prof de physique a d'ailleurs passé un temps fou à nous aider à présenter au mieux un travail pas forcément terminé (t'as franchement pas le temps de te retourner si tes expériences foirent), la preuve qu'il y en a beaucoup dans la forme...
Je trouve que face à ça, les cours particuliers de maths ou les camps d'anglais aux USA que "seuls les riches peuvent avoir" font bien pâle figure...

Pour le reste de l'article, je ne commente pas (recours aux cours particuliers de maths, résultats au bac des boursiers/non boursiers****...)

Quand même un mot sur la conclusion :
Et d’en conclure que « si des études plus larges les confirment, les classes préparatoires constituent un formidable ascenseur social, capable de rattraper, entre le baccalauréat et l’oral des concours, entre deux tiers et trois quarts des décalages progressivement accumulés depuis le primaire ». Ce que constataient d’ailleurs les auteurs de l’étude sur les concours, mais pour la seule culture générale il est vrai. Quoi qu'il en soit, un bon point pour les prépas !
Conclusion appuyée donc -uniquement - sur le dernier paragraphe (si j'avais fait un truc pareil au lycée j'en entendrais encore parler je crois), et qui paraît un peu contradictoire. La prépa corrige-t-elle des inégalités ou en génère-t-elle ? Compliqué à comprendre... Peut-être faut-il améliorer les prépas même si elles sont déjà bien ? C'est quoi le vrai bilan de tout ce bazar ? C'est flou !

En tout cas cette conclusion ne m'éclaire pas beaucoup sur l'idée dominante de l'article, sur la réponse à la problématique du titre, donc si quelqu'un veut bien me l'expliquer...

* Travaux d'initiative personnels encadrés (je sais même pas comment ce sigle garanti pure rhétorique s'écrit sous sa forme entière), le clone de prépa des Travaux Personnels Encadrés du lycée. Pénible autant l'un que l'autre à mes yeux. Comme si tu pouvais travailler sur un projet de recherche convenablement sans même qu'on t'ait appris à faire une recherche bibliographique (un truc que j'ai vraiment appris qu'en école d'ingénieur, avec les outils SciFinder PubMed et tout), sans être en mesure de choisir ton sujet de façon à ce que 1 il soit intéressant et 2 compatible avec les moyens du lycée (faibles par définition), et si t'as pas 2 à te démerder pour trouver ce qu'il te faut, notamment quand tes profs académiques n'y connaissent rien et ne peuvent pas t'aider.

** Ils faisaient tous la deuxième année depuis déjà longtemps. Il est rare qu'un prof prenne plus d'une classe, et il garde toujours la même au fil des ans.

*** De mémoire, garanti pas loin de la vérité.

**** Bel amalgame ici aussi d'ailleurs : les populations de boursiers du secondaire et celles du supérieur ne sont pas les mêmes, les secondes sont beaucoup plus nombreuses !

2 commentaires:

  1. le truc sur les langues ca me tue...Quand tu vois le niveau moyen des Francais en anglais (je ne te parle que de cette langue a priori mais on a le droit de ne pas etre d'accord ;-) la plus utile) tu te dis que c'est pas pret de s'ameliorer.

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  2. ... hé non.
    C'est comme les scientifiques de lycée qui croient que l'anglais est sans importance pour faire des sciences plus tard...
    ... et qui une fois dans le métier doivent se rendre à des colloques anglophones, communiquer avec leurs partenaires de recherche en anglais, lire des publis en anglais tous les jours. :D

    A l'école c'était flagrant : tous les étrangers (une bonne quinzaine sur 100 élèves) sauf 2 étaient dans le top niveau en anglais, et les deux autres étaient dans le niveau immédiatement en-dessous...
    Pas étonnant... (Et en plus d'être super anglophones ils étaient super francophones aussi... donc au moins trilingues)

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