jeudi 30 juin 2011

We exist to bear witness...

We exist to bear witness. [...] The infinite needs us to see it. Without the perceiver, the perceived does not exist. That gives us leverage : don't look until you get what you want.

J'aurais bien voulu écrire. J'ai commencé à le faire il y a une dizaine d'années.

Je sais plus où j'ai vu cette citation (question philosophique "le bruit existe-t-il s'il n'y a personne pour l'entendre", toussa) mais elle m'a bien plu. Parce que c'est un peu l'impression que j'ai avec mes histoires : elles s'imposent à moi, quand elles veulent, quand elles le décident, et alors je n'ai plus qu'à m'exécuter et les mettre sur papier. Je n'ai par contre pas de moyen de pression, au contraire : je ne peux pas m'empêcher de regarder et après ça m'embêtera jusqu'à ce que j'aie tout écrit.

C'est bizarre quand on y pense : je n'ai rien d'une artiste et n'ai pas beaucoup d'imagination par ailleurs.

Mais je n'y peux rien. Les personnages courent dans ma tête. Ils ont des noms, des âges, des caractères... Des expériences, aussi. 
Ils apparaissent dans ma tête et je compose avec eux. Pour beaucoup je ne distingue pas tout : je vois le personnage par exemple mais ne comprends pas quel lien l'unit aux autres. Alors je présuppose, et je fais des erreurs.

J'ai fini d'écrire l'histoire de l'un d'eux à quatorze ans, après des heures de travail et trois cent huit pages A4 en police 10 si je me souviens bien. Je l'ai donnée à quelques amis de mon âge, qui l'ont bien aimée, puis je l'ai un peu oubliée par la suite (je crois que mon ami K. m'a longtemps demandé de lui donner la dernière partie et que je ne l'ai jamais fait...)

Puis, il y a un an ou deux*, j'ai repris le résultat, et ça m'a fait mal : écriture d'une adolescente avec l'expérience d'une adolescente, et le style d'une adolescente qui avait lu un peu trop de clichés, ça se sentait. Ca ne sonnait pas juste**.

Et j'y ai à nouveau réfléchi, et j'ai "vu" de nouveaux personnages - mon personnage principal a connu un paquet de noms différents et je n'ai trouvé le bon qu'il y a un an environ. Il y en avait un très présent et très clair dans ma tête mais dont je n'arrivais pas à distinguer avec le personnage principal, ce qui a dû s'éclaircir à peu près au même moment que la question du nom.
Des nouveaux sont arrivés, même la carte du monde s'est un peu transformée pour arriver à une géopolitique un peu plus complexe.
D'anciens, souvent caricaturaux et grossièrement dessinés, ont disparu.
Je ne voyais pas pourquoi certains évènements devaient arriver, mais ils arrivaient, et je n'avais plus qu'à attendre de savoir comment.

Je pense que l'expérience m'aide à mieux les comprendre. C'est pour ça que je doute franchement d'écrire la version finale de la plupart de ces histoires avant d'atteindre un âge avancé.

Aujourd'hui, outre ce premier conte, je distingue deux histoires à raconter. En rien comparables. Et j'ai hâte d'arriver à toutes les comprendre et les écrire. Trois vies qui ne se mélangent pas. Jamais. Et qui m'apparaissent à tour de rôle, par périodes...

Et je ne parle jamais d'eux. C'est moi qui les perçois, pas les autres, et ils ne pourraient pas s'en empêcher. Et si il/elle faisait/disait ça plutôt que ci... C'est pas vous qui décidez, pas plus que moi. Eux agissent et je ne peux que les regarder.

Et en ce moment où je ne travaille pas, où mon esprit est pas complètement crevé tous les soirs, ils viennent souvent.
Plus pour longtemps, malheureusement.
Nouveau stage lundi.
(Et je suis totalement freaking out...)

*Entre temps je n'y ai plus jamais touché : au lycée j'ai eu une assez longue période "Paroles de chansons", où j'en ai écrit une dizaine puis plus rien, clac, plus d'inspiration, fini d'un coup. Et un ou deux ans après ma mère va sur mon PC de l'époque, y trouve un dossier de paroles, croit que c'est des paroles que j'ai piquées sur le Net et répertoriées, ouvre et tombe sur l'un de mes textes, écrit sur une drôle d'idée du moment, qui lui a apparemment pas mal plu et qui a souhaité que je le donne à des musiciens. Ce que je n'ai - vous me connaissez - jamais fait depuis 2007.

** J'ai à très peu de chose près le même âge que Flavia Bujor et j'ai lu son bouquin à sa sortie alors que le mien était en cours d'écriture. En le rouvrant à 20 ans, je me rappelle avoir pensé que je préférerais que mon histoire à moi soit un peu moins simple, et donc que je ne l'enviais pas d'avoir publié si tôt.

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